Il existe de nombreux outils qui permettent aux entreprises de structurer une démarche RSE pertinente. Parmi ces outils, les labels RSE rencontrent un grand succès : les labels permettent en effet de garantir et de valoriser -sous certaines conditions- un engagement dans le domaine de la RSE. Malheureusement, les labels RSE sont aujourd’hui victimes de leur succès : on constate ainsi une prolifération de labels à la fiabilité douteuse. Par ailleurs, certaines entreprises utilisent les labels dans une démarche de greenwashing ; le label constitue alors une caution pour la structure, mais son affichage n’est pas accompagné d’actions concrètes. Vous recherchez un label RSE fiable pour votre entreprise ? Dans cet article, Kolabee vous présente quelques labels RSE de confiance, leurs logiques, et les actions à mettre en place pour les obtenir.
Label B Corp
Le label B Corp (ou certification B Corporation) est un label américain octroyé aux sociétés commerciales à but lucratif. Ce label est attribué par B Lab aux structures répondant à des exigences sociétales et environnementales, de gouvernance, ainsi que de transparence. Le processus de labellisation B Corp dure environ un an et comprend deux phases d’audit : évaluation et vérification. Afin d’être labellisée, une entreprise doit remplir les 3 conditions suivantes :
- Obtenir plus de 80 points sur le B Impact Assessment (BIA) : il s’agit d’un outil d’autoévaluation composé de 200 questions accessibles gratuitement en ligne ;
- Modifier ses statuts selon les exigences juridiques de B Corp : les statuts de l’entreprise doivent inclure plusieurs phrases obligatoires concernant leur engagement RSE. Ils doivent notamment prendre en compte toutes les parties prenantes dans les décisions stratégiques ;
- Divulguer son score de manière transparente : une fois l’audit terminé et validé, tous les scores de l’entreprise (global et dans chaque domaine du BIA) sont rendus publics sur le site global B Corp et B Lab France.
Enfin, l’entreprise doit signer un accord avec B Lab et payer la cotisation annuelle de certification. On doit ensuite renouveler celle-ci tous les 3 ans.
L’avantage principal du label B Corp réside dans sa grande notoriété. En 2024, on compte plus de 8 600 entreprises certifiées dans le monde, dont plus de 420 en France. Toutefois, le label est parfois tombé sous le coup des critiques. Notamment lors de la labellisation de Nespresso en 2022, lequel ne recyclait que 28% de ses capsules… De manière plus générale, certaines entreprises utilisent les scores obtenus dans le domaine sociétal afin de cacher leur mauvais impact environnemental. Malgré tout, le label jouit encore d’une solide crédibilité dans le monde entier.
Le label PME +
Le label PME + est basé sur la norme ISO 26000 et porté par le FEEF (Fédération des Entreprises et des Entrepreneurs de France). L’attribution du label se base sur 3 critères d’éligibilité :
- Votre structure doit être une entreprise indépendante française, avec des entrepreneurs français ou européens qui facturent et payent des impôts en France ;
- Vous devez être fournisseur alimentaire et non alimentaire de la distribution ;
- Être adhérent à la FEEF.
L’obtention du label se décline ensuite en 5 étapes :
- Vérification de l’éligibilité de votre entreprise ;
- Une auto-évaluation RSE ;
- Audit sur site effectué par ECOCERT Environnement, organisme de certification français spécialisé dans l’alimentaire, notamment l’agriculture biologique ;
- Rapport d’audit : notation de critères, plans d’action correctif, pourcentage de conformité ;
- Labellisation et suivi annuel de l’entreprise.
Les labels AFNOR
L’AFNOR (Association française de normalisation) est un groupe français spécialisé dans la normalisation et la certification. Elle a notamment créé la norme ISO 26000 en 2005, dont le but est d’apporter une acception commune de la RSE. Seul problème : l’ISO 26000 ne peut faire l’objet d’une certification car elle fournit seulement des lignes directrices, mais ne fixe pas d’exigences. Elle peut en revanche faire l’objet d’une évaluation (AFAQ 26000) qui peut déboucher sur la délivrance d’un label de qualité “engagé RSE”. L’AFNOR peut en outre délivrer plusieurs autres labels basés sur la norme ISO 26000 : RSEi, Agences Actives…
Le label engagé RSE (AFNOR)
Le label engagé RSE de l’AFNOR s’adresse à tous les types d’organisation (entreprises, associations ou territoires) et quels que soient la taille de l’entreprise, le secteur d’activité, ou la maturité RSE. Ce label se structure autour de 2 problématiques :
- en interne : comment comprendre, structurer sa démarche RSE et piloter la responsabilité sociétale de manière efficace et visible ?
- en externe : comment offrir un gage de crédibilité quant à la communication des résultats du niveau de maturité et de performance RSE ?
Pour y répondre, l’AFNOR a structuré le label engagé RSE en 5 chapitres de pratique et 3 chapitres de résultats. 8 chapitres en tout, donc :
- Gouvernance ;
- Déploiement de la démarche RSE ;
- Ressources humaines, relations et conditions de travail ;
- Modes de production et de consommation durables ;
- Ancrage territorial : communauté et développement local ;
- Résultats environnementaux ;
- Résultats sociaux ;
- Résultats économiques.
Le processus de labellisation se compose d’une phase d’évaluation sur site, effectuée par un évaluateur de l’AFNOR, puis le rapport d’évaluation. La notation se divise en 4 catégories : Plan, Do Check, Act (PDCA).
- Plan : évaluation de la logique et cohérence de l’approche ;
- Do : degré de mise en oeuvre et déploiement de la démarche ;
- Check : appréciation qualitative des pratiques ;
- Act : retour d’expérience et amélioration possible de la mise en œuvre.
Chaque catégorie est notée sur 25% qui peuvent s’additionner pour donner 100%. Attention, toutefois : chaque catégorie est notée dans l’ordre (P, D, C, A). Si P n’obtient que 12%, D ne peut obtenir plus de 12%, et ainsi de suite.
Label RSEi (AFNOR)
Autre label délivré par l’AFNOR, le label RSEi valide la démarche de responsabilité sociale des entreprises inclusives. Le label s’adresse donc aux entreprises qui s’engagent pour l’inclusion de personnes vulnérables sur le marché de l’emploi. On distingue :
- Les entreprises sociales inclusives : elles ont pour but l’inclusion de personnes vulnérables et sont conventionnées par la puissance publique (entreprise d’insertion, entreprise de travail temporaire d’insertion, etc.) ;
- Les entreprises inclusives : des entreprises classiques qui mettent en place des actions inclusives de manière suffisamment prioritaires dans leurs stratégies, et souhaitent le faire reconnaître par un label.
Ce référentiel est divisé en 5 chapitres comprenant des critères. Chaque critère est évalué selon un niveau de maturité : initial, engagé, confirmé, ou exemplaire. Le but est d’évaluer la démarche RSE de ces entreprises (au niveau économique, social et environnemental) en prenant en compte la particularité de leur mission et de leur engagement social.
L’e-Label RSE “Agences Actives” (AFNOR)
Ce label de l’AFNOR s’adresse aux agences de communication. Afin d’y répondre, l’agence candidate doit remplir un questionnaire basé sur la norme ISO 26000, et doit proposer des éléments de preuve pour chaque réponse à un évaluateur AFNOR. Le label distingue les agences en fonction de leur niveau de maturité RSE : engagé, confirmé, ou expert.
Le Label RSE TP (Travaux Publics)
Créé par la FNTP (Fédération Nationale des Travaux Publics), le label RSE TP (Travaux Publics) vise à valider la démarche RSE des entreprises de travaux publics. Lui aussi basé sur la norme ISO 26000, il s’adresse exclusivement aux entreprises membres de la FNTP. Il prend aujourd’hui la forme d’une plateforme en ligne articulée autour de 5 thématiques et 18 enjeux. Recourant à l’autoévaluation, il propose 3 degrés de maturité : engagé, performant et avancé.
L’Écolabel européen
L’Union Européenne crée l’Écolabel en 1992. Il vise à promouvoir les produits et services ayant une incidence moindre sur l’environnement et, ce, selon une approche globale qui prend en compte l’intégralité du cycle de vie du produit. Ce label RSE est ouvert à tous les produits, exceptés les produits pharmaceutiques, alimentaires et les matériels médicaux.
L’Écolabel européen s’adapte selon le secteur auquel il est attribué. A titre d’exemple, l’Écolabel concernant les services d’hébergement touristique évalue les politiques d’économie d’eau, d’énergie, la réduction des déchets, l’information aux clients, ainsi que la gestion.
La France compte aujourd’hui plus de 300 entreprises détentrices de l’Écolabel, sur plus de 2000 en Europe. Cela représente plus de 8 000 produits dans l’Hexagone sur environ 90 000 en Europe.
Conclusion : l’habit ne fait pas la RSE
Nous n’avons fait ici que survoler quelques labels particulièrement crédibles et pertinents, mais il en existe une grande quantité : Label Rate A Company, Lucie 26000, NF Environnement, Label Diversité et Égalité professionnelle, LSR, THQSE, UNICEM, etc.
Quelle que soit votre structure, il est important de vous poser ces deux questions :
- Êtes-vous à la recherche d’un label généraliste ou plutôt sectoriel ?
- Votre démarche de labellisation a-t-elle pour origine une démarche RSE sincère ?
Une démarche de labellisation RSE doit en effet s’inscrire dans un processus d’amélioration continue de votre structure. Il est important d’être honnête concernant votre démarche en amont, et d’avoir de l’humilité en aval : personne n’est parfait ! Enfin, lors d’une labellisation, il est impératif que la direction de l’entreprise soit coopérative, voire à l’origine de la démarche.