Pays patriarcal, la France a une relation compliquée avec le concept d’inégalité homme-femme. Cette réputation n’épargne pas les entreprises françaises. Ces dernières sont souvent perçues comme des lieux dominés par le masculin, dans lesquels la femme est renvoyée à des rôles subalternes. Mais est-ce la réalité ? Les entreprises françaises sont-elles véritablement sexistes ? Dans cet article, Kolabee vous répond !
Une inégalité salariale persistante
N’y allons pas par quatre chemins : oui, les entreprises françaises sont encore sexistes selon plusieurs indicateurs. À commencer par l’inégalité salariale. En 2021, l’écart homme-femme est encore de 24%. Cette inégalité s’explique par le fait que les femmes travaillent globalement moins que les hommes. Cependant, à temps de travail équivalent, l’écart reste de 15%.
Pourquoi les femmes sont-elles moins bien payées que les hommes ?
Le facteur principal qui explique cet écart est la distribution des postes : les femmes sont globalement reléguées à des postes moins rémunérateurs que les hommes. Elles sont notamment surreprésentées dans les métiers à temps partiels et précaires.
Un chiffre parlant : à poste équivalent, l’écart salarial entre hommes et femmes se réduit à 4 %. Le problème n’est pas tant que les entreprises ne souhaitent pas rémunérer les femmes comme les hommes, mais qu’elles continuent à leur attribuer des emplois mal payés.
Inégalité homme-femme dans les directions d’entreprises
La conséquence de cette mauvaise distribution ? Une sous-représentation des femmes dans les directions. Le fameux plafond de verre est encore bien solide et entretenu. Chez Natixis, par exemple, le premier cercle de leadership ne compte qu’un tiers de femmes. En retour, cette sous-représentation fait passer au second plan les questions d’inégalité homme-femme… Le serpent se mord la queue !
Des politiques publiques molles concernant la question de l’inégalité homme-femme
En 2018, le gouvernement a mis en place l’index de l’égalité professionnelle. L’index était censé fonctionner selon un système de “name and shame” : publier une liste d’entreprises qui ne respectent pas la parité salariale afin de leur faire honte, ce qui les force en retour à rectifier le tir. En tout et pour tout, une seule liste de mauvais élèves a été publiée en 2020…
Plus le temps passe, plus les entreprises délaissent l’index. En 2023, 21% des entreprises n’ont pas mis en ligne leur bilan. Cette désinvolture peut s’expliquer par des sanctions rarissimes. De fait, parmi les sociétés non-déclarantes, seules 20% ont été sommées de prendre des mesures afin de rectifier les inégalités (629 entreprises…).
Des politiques peu ambitieuses au départ
De plus, l’index est de plus en plus critiqué pour son manque d’ambition. En tout et pour tout, il n’inclut que 26 % des salariés du privé français. La faute à de nombreux angles morts. Ainsi, l’index n’inclut pas les entreprises de moins de 50 salariés ou les employés à faible ancienneté. Il ne prend pas non plus en compte les primes, la répartition du temps partiel, ou encore, les violences sexistes et sexuelles.
Persistance d’une culture sexiste dans l’entreprise française
Au-delà du salaire, il persiste dans l’entreprise française une culture sexiste. La vaste majorité des femmes (9/10) déclarent avoir subi une situation sexiste. En outre, un quart des hommes de 25-34 ans pensent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. Et beaucoup (37%) considèrent que le féminisme menace leur place.
Cette culture se manifeste souvent sous forme de sexisme ordinaire : petites blagues, remarques, comportements inappropriés, etc. Le sexisme est plus prégnant au sein des entreprises qui comportent peu de mixité. De fait, les femmes isolées sont plus menacées, surtout lorsqu’elles tiennent des rôles subalternes ou précaires. Enfin, elles sont d’autant fragilisées qu’elles ne contre-attaquent pas ; soit à cause de la précarité de leur position, soit à cause de la peur des conséquences.